Montre-moi tes boutons

« Il n’y a pas de beauté sans vérité et réalité » Peter Lindbergh

(Le) Cacher. (Le) Toucher. (Le) Briser. (L’) Enlever. Tels sont les premiers gestes qui me venaient à l’esprit dès l’apparition d’un bouton. Mon acné est venue, comme beaucoup, à l’âge de mon adolescence. Trace du passage de la puberté, il a été scruté et remarqué par l’ensemble de la famille, y compris moi-même. « Tu deviens grand !», « C’est l’âge », « Ah ! On ira chez le dermato » me lançait mon entourage. Je me souviens alors d’un sentiment de fierté qui se mêla rapidement à la honte.

Il y avait à l’école « ceux qui avaient de la chance », autrement ceux qui n’avaient pas de tâches disgracieuses et « les autres », c’est à dire moi. Au lycée, c’est plus compliqué. Ceux qui en avaient eu n’en avait plus, moi j’en avais toujours. J’étais bien sûr passé par la « case dermato ». Crèmes sur crèmes ils résistaient ou alors ma peau réagissait mal. Un traitement en suivait un autre. Échec. 

J’ai eu des boutons jusqu’à l’année dernière. J’ai bientôt 21 ans. Ils restent quelques cicatrices, et parfois quelques-uns réapparaissent. Je me suis mis à les éliminer un par un « à la sauvage ». Les quelques remarques, ma volonté d’être comme les autres, mon envie de séduire m’a amené vers les produits « camouflant » : BB crème, correcteurs. En tant qu’homme j’ai eu des remarques, des regards.

Quoi que l’on fasse, les commentaires seront là. J’ai enfin décidé de ne rien mettre. Les assumer, ne plus les cacher. Je ne vous apprends rien la peau a besoin de respirer. Mettre des produits pour boucher mes pores, à quoi bon ? J’ai seulement continué à nettoyer ma peau et à appliquer une eau à la fleur d’oranger. Le stress, l’inquiétude d’en avoir, d’en avoir en plus, je l’ai banni. Se serait vous mentir de dire que je n’y pense plus. Mais essayez. Vous êtes beaux.

Alexander Peters
- @alexanderptrs

Illustration : @naomiikado
www.naomikado.fr