Seins sous pression

Ceci est une lettre ouverte à mes seins mais aussi à toutes les personnes sur cette planète qui en ont. Car comme moi, vous avez déjà eu des reproches à leur faire, des défauts à leur trouver, un petit quelque chose à corriger. Et si ce n’est pas le cas je vous en supplie donnez nous la recette.

Pour être honnête, ma bienveillance et ma confiance en moi au sujet de ma poitrine est en dents de scie. Ou plutôt : c’est les véritables montagnes russes ! Je suis passée par toutes les phases possibles et inimaginables. J’ai d’abord adoré mes seins pendant mon adolescence. Toniques, bien en chair, c’était le signe que je devenais une femme, une fierté dans mes yeux d’enfant en plein développement. Puis petit à petit, la magie de la jeunesse cesse d’opérer et mes seins chéris se sont retrouvés rattrapés par une réalité qui ne pardonne pas : la gravité. S’en suit un combat entre moi et moi-même : un coup je suis fière d’eux, je bannis les soutiens-gorge qui m’oppressent au possible et m’emprisonnent, je fais abstraction des regards insistants qui me foudroient dans le rue, comme si ne pas porter de soutiens-gorge en 2020 était un crime puni par la loi. Et je suis fière de moi.

Puis la semaine suivante, le château de cartes de la confiance si fébrile s’écroule dans un grand fracas… Et je ne les aime plus, je leur trouve 1000 défauts, ils tombent, sont bien loin des images dans lesquelles la presse et les réseaux sociaux me plongent à longueur de journée. Et pour être honnête je suis fatiguée de me battre avec mes démons intérieurs qui malmènent mon amour propre.

Alors j’ai décidé de poser les armes. La réalité c’est que ce grand combat de la confiance en soi prend du temps. Parfois les batailles victorieuses s’enchaînent, puis parfois le doute refait surface. Mais j’ai décidé de m’aimer. D’aimer mes seins tels qu’ils sont. De chérir ce corps de femme si beau et si précieux. J’ai décidé de ne pas laisser Instagram et les magazines m’éloigner de la réalité. Parce que notre corps est notre plus grand trésor quel que soit son apparence. Alors plutôt que de scroller l’explorer de mes réseaux, en maudissant toutes ses poitrines qui ne seront jamais les miennes, j’ai décidé d’aimer ce que je vois chaque jour dans le miroir, même si certains jours la tâche parait plus ardue, j’ai enfermé la pression dans une boîte et l’ai rangée hors de ma vue.

Anonyme

Illustration : @naomiikado pour Standards Magazine
www.naomikado.fr